Centipède RTK, 1000 pattes coopérant vers un objectif commun
A l’image des mille-pattes, le réseau Centipède RTK est un projet communautaire basé sur des technologies libres, permettant d’obtenir une géolocalisation de haute précision à des coûts abordables. Ce projet a été initié par Julien Ancelin, administrateur SIG à l’INRAE et agriculteur, et Stéphane Péneau, couteau suisse de Carto’Cité et contributeur majeur à OpenStreetMap et Panoramax.
Petite parenthèse :
Pour comprendre la technologie RTK (Real Time Kinematic ou cinématique temps réel), il faut d’abord expliquer le fonctionnement de nos GPS : il s’agit de récepteurs qui calculent notre position à partir du temps qu’a mis le signal de plusieurs satellites pour venir jusqu’à nous. Ces signaux sont plus ou moins retardés au cours de leur traversée de l’atmosphère, selon la météorologie, les masques urbains ou forestiers, etc. On obtient donc une géolocalisation avec une précision allant de 50 cm à plusieurs mètres selon les conditions.
Le RTK associe aux satellites des stations de référence fixes sur Terre. La position précise de ces bases fixes étant connue, on peut calculer à tout moment le retard des signaux satellitaires. Ces bases envoient des informations aux récepteurs, qu’on appelle "rovers", afin qu’ils corrigent leur position. Plus le "rover" est près de la base, plus les conditions atmosphériques sont semblables et plus la correction est bonne. On obtient alors une géolocalisation avec une précision centimétrique.
La géolocalisation RTK n’est pas nouvelle, des sociétés privées proposent des abonnements à leurs réseaux de stations à des tarifs de l’ordre de quelques milliers d’euros pour chaque récepteur. Les agriculteurs sont souvent équipés de dispositifs d’autoguidage basé sur du RTK. Ils ont besoin de cette géolocalisation centimétrique pour optimiser leur rendement, éviter le gaspillage de semences, d’intrants et du carburant pour leur tracteur.
Le réseau Centipède RTK est une infrastructure qui propose gratuitement des plans pour construire soi-même sa base ou son "rover" et un logiciel pour la communication entre bases et "rovers". Le matériel est également commercialisé pour quelques centaines d’euros. La technologie devient alors accessible pour des exploitations agricoles plus modestes où 62% des bases Centipède sont installées. En quelques années, universités, collectivités, Parcs Naturels, Chambres d’agriculture s’en sont emparés pour le suivi du trait de côte, l’étude des niveaux marins, la gestion des marais, le géoréférencement des images drones, l’arpentage, les levés d’infrastructure…
A ce jour, le réseau est riche de 750 bases, 10 contributeurs à la documentation, 17 administrateurs et plus de 900 personnes inscrites sur le forum de discussion. Pour les années à venir, l’objectif est de densifier le réseau des stations de référence pour obtenir une plus grande précision sur les récepteurs.
En savoir+ : https://centipede.fr/
En savoir+ : https://cartocite.fr/centipedertk-ou-la-naissance-dun-geocommun/
En savoir+ : https://jancelin.github.io/